Mais, puisque nous en sommes venus là, il me semble qu'il convient de
dire quelque chose des personnes qui vivent sous l'obéissance et la
direction d'un supérieur, d'autant plus que c'est à elles que nous
adressons ce petit ouvrage. Nous dirons donc quelles sont les marques
qui distinguent ceux qui réellement, sincèrement et avec une grande
pureté d'intention, ont embrassé cette sainte et honorée vertu
d'obéissance. Or ce sont nos pères, ces hommes si vertueux et si remplis
de l'esprit de Dieu, qui nous les ont enseignées; et quoique les
qualités des heureux enfants de l'obéissance ne doivent recevoir leur
perfection qu'au temps que le Seigneur a fixé, ils ne laisseront pas
chaque jour de les augmenter et de les faire croître en eux. Elles
consistent donc, ces marques et ces qualités de la véritable obéissance,
dans une augmentation continuelle d'humilité, dans une diminution
progressive de la colère, dans l'extinction du fiel et de la bile, dans
la dissipation sensible des ténèbres de l'esprit, dans l'accroissement
de la charité, dans l'affranchissement des passions et des penchants
vicieux, dans un renoncement généreux à toute haine et à toute aversion,
dans la mortification de la chair conformément aux avis que l'on
reçoit, dans la fuite de toute paresse et de toute négligence, dans une
exacte diligence à remplir ses devoirs, dans une tendre et efficace
compassion pour ses frères, et dans la destruction parfaite de
l'orgueil. Mais cette dernière qualité de l'obéissance, nous devons tous
chercher avec les plus grands soins à nous la procurer; et cependant
bien peu la possèdent : à une fontaine sans eau peut-on donner le nom de
fontaine ? Il me comprendra facilement celui, qui sera doux
d'intelligence.
saint Jean Climaque : L'Échelle sainte
« Du repos sacré du corps et de l'âme, ou de la vie érémitique et solitaire » (О священном безмолвии души и тела/ XXVII)
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