Écoutons encore quel discernement ce bienheureux obtint par son obéissance. Alors qu'il demeurait au monastère de Saint-Sabas, trois jeunes moines vinrent à lui, voulant devenir ses disciples. Il les reçut avec joie et aussitôt leur offrit l'hospitalité, voulant qu'ils se rafraîchissent après la fatigue du voyage. Trois jours après, le vieillard leur dit : « Frères, je suis par nature porté à la fornication et je ne puis recevoir aucun de vous. » Mais ils ne furent pas scandalisés, parce qu'ils connaissaient l'activité (spirituelle) du vieillard. Cependant, malgré toute leur insistance, ils ne réussirent pas à le persuader. Alors ils se jetèrent à ses pieds, le suppliant de leur fixer au moins quelque règle (leur indiquant) où et comment il leur serait profitable de vivre. Le vieillard céda et, reconnaissant qu'ils recevaient ses avis avec humilité et obéissance, il dit à l'un d'eux : « Mon fils, le Seigneur veut que tu vives dans un lieu d'hésychia, dans la soumission à un père (spirituel). » Il dit au second :« Va, vends ta volonté et donne-la au Seigneur, prends ta croix et persévère dans un monastère cénobitique et une communauté de frères, et tu auras certainement un trésor dans les cieux. » Puis il dit au troisième : « Fais rentrer en toi avec l'air que tu respires, inséparablement, les paroles de celui qui a dit : “Celui qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé.” Va, et, si possible, ne permets pas qu'il y ait un homme de naturel plus sévère et plus rude que ton entraîneur dans le Seigneur. Persévère chaque jour, bois comme du lait et du miel les moqueries et les dérisions. » Le frère dit alors à ce grand Jean : « Et si mon maître vit dans la négligence, Père, que ferais-je ? » Le vieillard répondit : « Quand tu le verrais se livrer à la fornication, ne le quitte pas. Mais dis-toi : “Ami, pourquoi es-tu ici ?” Tu verras alors en toi toute enflure s'évanouir et la concupiscence se flétrir. »
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