Au nom du Père et du Fils
et du Saint Esprit.
Et cette veuve, parvenue à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, ne quittait pas le Temple, servant Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière. (Luc 2, 37).
Parmi les personnes qui se trouvaient dans le temple de Jérusalem lorsque l'enfant Jésus, âgé de quarante jours, y a été amené, il est fait mention d'Anne, dénommée la prophétesse, qui à cette époque parlait du Christ et de Ses actions futures en tant que Sauveur du monde.
L'évangéliste fonde cette dénomination sur le fait qu'elle ne quittait pas l'église, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
Que le fait d’être à l'église et dans la prière soit agréable à Dieu – même les négligents ne s'y opposeront guère. Mais comment servir Dieu par le biais du jeûne, cela n'est pas tout à fait clair pour beaucoup de ceux qui observent eux-mêmes le jeûne.
Si, selon l'institution de l'Église orthodoxe, la fête de la Sainte Rencontre du Seigneur est chaque année proche du Grand Carême, alors il n'est pas inutile et très opportun d'aborder maintenant la question : comment un chrétien sert il Dieu par son jeûne ?
Les défenseurs des règles de l'Église, lorsqu’ils se moquent de ceux qui jeûnent, s'empressent de préciser que le vrai jeûne ne consiste pas en la privation de nourriture, ou dans la moindre qualité de celle-ci, mais de réprimer ses passions et de faire les œuvres de Dieu. Il y a un caractère unilatéral dans une telle affirmation. Certes, l'Église nous invite : « Jeûnons, frères, corporellement, jeûnons spirituellement » (Triode de Carême). Mais ce rappel ne déprécie pas la signification de ce jeûne strict, par lequel il faut entendre soit une abstinence complète et assez longue, soit une consommation réduite d'aliments secs et peu nutritifs. Un tel jeûne, fidèlement suivi est puissant, à la fois comme offrande à Dieu et comme aide pour lui plaire par d'autres actions saintes.
Un soldat fidèle supporte des travaux épuisants, il est prêt à toutes sortes de privations, parfois il ne boit ni ne mange pendant des jours, surtout s'il voit que son commandant partage aussi avec lui le fardeau du service militaire. Tout cela pour tenir le serment fait à un roi terrestre. N'en est-il pas de même pour nous tous, chrétiens, qui sommes inscrits au service du Roi céleste ? La meilleure preuve de notre fidélité envers Lui, ce sont nos travaux et nos difficultés, si nous les exerçons en suivant Ses commandements et Son exemple. Il jeûna pendant quarante jours et nous donna cet ordre : « Prenez garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne soient appesantis par la gourmandise » (Luc 21, 34). Après avoir Lui-même mangé avec Ses disciples, Il donna néanmoins une indication impérative pour ses disciples : « Viendront des jours où l’Epoux leur sera enlevé, alors ils jeûneront » (Matthieu 9, 15). Rappelons-nous maintenant comment Il a été séparé de Ses amis par la souffrance et la mort. La nourriture vient-elle à notre esprit lorsque nous faisons le deuil d’un être cher ? Est-il pardonnable que la mémoire des jours de jeûne du Christ, des derniers événements de la vie terrestre du Sauveur, soient accompagnés par la gourmandise et l’allégresse des chrétiens, et non par la tristesse et le jeûne ? Quand est-ce qu’une personne a-t-elle le plus vif souvenir de Dieu, est-ce quand elle a faim ou quand elle est rassasiée ? A l’extrême limite, nous trouvons dans les Écritures, une plainte faite directement contre le peuple débauché de Juda, qui, s'abandonnant aveuglément et avidement à la gourmandise, a oublié le Dieu-Providence : « Le peuple aimé de Dieu s’étant plongé dans la bonne chère, il s’est révolté contre lui ; appesanti, rassasié, enivré, il abandonna Dieu son créateur, il s’éloigna de Dieu son sauveur. » (Deutéronome 32, 15). Ceci est également prédit pour la fin des temps, où les hommes seront, entre autres, plus amis du plaisir que de Dieu (2 Timothée 3, 1 et suivants). Selon le canon des Saints Apôtres 69, ceux qui ne jeûnent pas pendant la Sainte Quarantaine sont passibles d'excommunication. Par conséquent, celui qui n'observe pas le Grand Carême, non pas par faiblesse corporelle, mais par sa propre volonté, n'est pas un chrétien pleinement orthodoxe, au sens strict du terme,
Ils disent : « Vous pouvez manger beaucoup de nourriture de carême et à table observer l'abstinence. »
Quel est le résultat ? L'Église, ayant institué le jeûne, ne consent pas à la polygamie, mais en prescrivant des aliments végétaux et secs, elle indique par une nourriture de faible valeur nutritive un double bienfait, à savoir l'apprivoisement des passions et un soutien de la vie spirituelle.
Les Saints Pères ont une belle comparaison. Lorsqu'un général veut prendre une forteresse ennemie, il cherche d'abord à bloquer l’approvisionnement en eau et en nourriture, et l'ennemi, poussé par la faim, se rend rapidement. Il en est de même pour les passions charnelles. Quand on tient le jeûne, elles s'affaiblissent et se taisent. Au contraire, celui qui rassasie son ventre, et qui rêve pourtant de conquérir les passions sensuelles, est comme un homme qui veut éteindre un feu avec de l'huile. C'est pourquoi, le tout premier jour des Quarante Jours, il nous est proclamé dans les églises : « Le jeûne est là, mère de la chasteté ». Il serait erroné de considérer un tel apprivoisement des passions comme effrayant et ne dépendant pas de notre volonté. L'homme diffère des animaux, en ce qu'il peut prudemment et librement contrôler ses inclinations, équilibrer ses besoins naturels, subordonner l'inférieur au supérieur et ce qui est aveugle à ce qui est noble. Un glouton est comme un bateau lourdement chargé qui se trouve en eau profonde : il est proche du danger de périr dans les vagues du péché. Quelqu’un qui jeûne peut aussi avoir ses propres passions subtiles ; mais seulement lorsqu'il ne comprend pas le sens du jeûne et qu'il se l'impose à lui-même avec présomption. Malgré cela, il reste indubitable que la personne qui jeûne est libérée de l'esclavage des convoitises sensuelles, et qu'elle est donc plus capable d'actes purs et agréables à Dieu.
Prenons un exemple simple. Pourquoi les juges et les greffiers, aussi bien que les savants et les étudiants, sont à leur bureau le matin, et étudient-ils, parfois jusqu'à une heure tardive, et restent-ils sans nourriture ? « La réponse est simple : il est préférable de faire toute affaire importante, complexe et mentalement exigeante avant le déjeuner, plutôt qu’après le déjeuner. Le bienheureux Jérôme dit : « N'attendez pas un esprit pur d'un ventre bien nourri. » Si c'est le cas dans la fonction publique et dans le travail des érudits, nos affaires chrétiennes et nos devoirs ecclésiastiques sont-ils si peu importants que pour les remplir avec succès, nous n'avons pas besoin de recourir à l'abstinence ? Quand il est plus facile de prier et que la prière est plus pure : est-ce quand la satiété conduit au sommeil, ou quand la pureté de l'estomac et le mouvement tranquille du sang calment l'imagination, et aident même l'âme à ressentir la tendre douceur du divin ? Celui qui humilie son corps en ne mangeant pas volontairement, peut juger plus correctement, par sa propre expérience, combien il est difficile pour un mendiant d'endurer la faim contre sa volonté. Et tandis que le rassasié ne comprend pas l'affamé, celui qui jeûne prodigue de généreuses aumônes aux pauvres. Ainsi, par le jeûne, nous apprenons à servir et à plaire à Dieu par de bonnes œuvres.
Et pour ceux qui sont
anxieusement épris de vie et qui ont peur de la mort, il n'est pas superflu de
rappeler que la prophétesse Anne, bien qu'elle ait mené une vie de jeûne
constant, a néanmoins vécu plus de quatre-vingts ans. Et ce n'est pas le seul
exemple. Il est clair que si quelqu'un est abstinent et jeûne pour l'amour de
Dieu, il peut recevoir la longévité en récompense et vivre jusqu'à un âge
avancé et sans douleur. Amen.
Sermon du métropolite Serge (Liapidevski), Moscou et Kolomna († 1898) en la fête de la Sainte Rencontre du Seigneur
---------------------------------------------------------------
Во имя Отца и Сына
и Святого Духа.
И та вдова, яко лет осмдесят и четыре, яже не отхождаше от церкви, постом и молитвами служащи день и нощь (Лк. 2, 27).
Между лицами, которые находились в храме Иерусалимском, когда сорокадневный младенец Иисус принесен был туда, упоминается Анна, прозванная пророчицею, потому что в то время говорила о Христе и будущих действиях Его, как Спасителя мира.
Ее достоинство евангелист поставляет в том, что она не отходила от церкви, постом и молитвами служа Богу день и нощь.
Что пребывание в храме и в молитве угодно Богу, — против этого едва ли станут спорить и ленивые молиться. Но как служить Богу посредством поста, — это не совсем ясно понимают многие и из тех, которые сами соблюдают посты.
Если, по установлению церкви православной, праздник Сретения Господня каждогодно сближается с великим постом, то не бесполезно и очень прилично теперь заняться вопросом: как христианин постом своим служит Богу?
Когда смеются над постящимися, то защитники устава церковного спешат оговориться, что истинный пост состоит не в лишении пищи, или худом качестве ее, а в обуздании страстей и делах богоугодных. В такой защите есть односторонность. Правда, церковь приглашает: «постяся, братия телесно, постимся и духовно» (Постная триодь). Но от этого напоминания не теряет значения тот строгий пост, под которым должно разуметь или совершенное и довольно долгое неядение, или весьма воздержное вкушение сухих и малопитательных снедей. Такой, буквально принимаемый пост важен и как прямая жертва Богу, и как пособие к тому, чтобы другими святыми делами угождать Ему.
Верный воин несет изнурительные труды, готов на всякие лишения, иногда по целым дням не пьет, не ест, особенно если видит, что и начальник его разделяет с ним тяжесть военной службы. Все это по долгу присяги земному царю. Не тоже ли касается всех нас христиан, которые вписаны в службу небесному Царю? Лучшим свидетельством нашей верности Ему служат труды и лишения, если подъемлем их, последуя заповедям Его и примеру. Он сорок дней постился, и нам заповедал: «смотрите за собой, чтоб сердца ваши не отягчались объядением» (Лк. 21, 34). Вкушая Сам с учениками пищу, Он однако же дал предуказание, обязательное для Его последователей: егда отъимется от них Жених, и тогда постятся (Мф. 9, 15). Теперь наступает время воспоминаний о том, как Он чрез страдания и смерть разлучен был с друзьями Своими. Пойдет ли на ум пища, когда оплакивается кончина близкого, любимого родного? Простительно ли, чтобы воспроизведение дней поста Христова, последних событий земной жизни Спасителя, сопровождали христиане пресыщением и веселием, а не печалью и постом? Когда человек живее способен вспомнить Бога, — тогда ли, когда голоден, или когда пресыщен? По крайней мере, в Писании встречаем прямую жалобу на сластолюбивый народ иудейский, который, слепо и жадно предавшись чревоугодию, забыл о Боге Промыслителе: яде Иаков, и насытися, и отвержеся возлюбленный; уты, утолсте, разшире; и остави Бога, сотворшаго его, и отступи от Бога Спаса своего (Втор. 32, 15). Подобное предсказано и о последних временах, когда будут человецы, между прочим, невоздержницы паче, нежели боголюбцы (2 Тим. 3, 1 и след.). По правилу святых апостолов 69-му, подлежит отлучению, кто не постится в святую Четыредесятницу. Следовательно, тот не есть вполне православный христианин, в строгом смысле сего слова, кто не по немощи телесной, а по своеволию не соблюдает великого поста.
Скажут: «можно и постной пищи много есть, и за скоромным столом соблюдать воздержание».
Что ж из этого? — Церковь, узаконив пост, не покровительствует многоядению, а назначая пищу растительную и сухую, указывает в ее малой питательности двоякую пользу, — именно укрощение страстей и пособие к занятиям духовным.
У святых отцов есть прекрасное сравнение. Когда полководец хочет взять неприятельскую крепость, прежде всего ищет, нельзя ли удержать воду и съестные припасы, и неприятель, побуждаемый голодом, скорее сдается. Так бывает и с плотскими страстями. Когда держат пост: они слабеют и умолкают. Напротив, кто пресыщает свое чрево, и однако ж мечтает победить чувственные страсти, тот подобен человеку, который погасить хочет пожар маслом. Посему в самый первый день четыредесятницы нам возвещается в храмах: «Прииде пост, мати целомудрия». Неправильно было бы считать такое укрощение страстей боязливым и невольным. Человек тем и отличается от животных, что благоразумно и свободно может управлять своими склонностями, уравновешивать естественные потребности, подчинять низшие высшим и слепые благородным. Чревоугодник подобен тяжело нагруженной ладии, которая глубоко в воде сидит: он близок к опасности погибнуть в греховных волнах. Могут быть и у постника свои тонкие страсти; но только тогда, когда он не понимает значения поста и налагает его на себя самонадеянно. Несмотря на то, остается несомненным, что постящийся освобождается из рабской зависимости от вожделений чувственных, и потому более способен в делам чистым и богоугодным.
Возьмем простой пример. Отчего судии и делопроизводители, а также люди ученые и учащиеся являются в свои места утром, и, занимаясь, иногда до позднего часа, остаются без пищи? — Ответ незатруднителен: всяким важным, сложным, требующим умственной работы, делом, лучше заниматься до обеда, не после обеда. Блаженный Иероним сказал: «От сытого чрева не жди чистого ума». Если же так на службе гражданской и в деятельности ученой: дела ли наши христианские, обязанности ли церковные до того неважны, чтоб для их выполнения успешного не нужно было нам прибегать к воздержанию? — Когда молиться легче, и молитва чище: тогда ли, как сытость клонит ко сну, или когда чистота желудка, и тихое, неразгоряченное движение крови успокаивают воображение, и даже помогают душе ощущать сладость священного умиления? Кто сам добровольным неядением смиряет свое тело, тот по своему опыту может вернее судить, как тяжело нищему поневоле терпеть голод. И тогда как пресыщенный голодного не разумеет, постящийся щедрую милостыню расточает бедным. Так, при посредстве поста, приучаемся служить и угождать Богу добрыми делами.
А для тревожно жизнелюбивых и малодушно боящихся смерти не излишне напомнить, что Анна пророчица хотя жизнь вела в посте постоянном, однако же более восьмидесяти лет жила. И это не единственный пример. Ясно, что если кто воздержен и постится ради Бога, получить может в награду долголетие и дожить до глубокой безболезненной старости.
Аминь.
Слово митр. Сергия (Ляпидевского), Московского и Коломенского († 1898 г.) в праздник Сретения Господня
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire