Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Aujourd’hui, pour l'Église orthodoxe russe, c’est un jour de deuil et de fête. C'est un deuil parce que nous nous souvenons des évêques et des pasteurs, moines et laïcs, qui ont souffert au XXe siècle pour la foi au Christ, et nous prions pour le repos de leurs âmes. C’est un jour de fête, car notre Église triomphe, glorifiant les Nouveaux Martyrs et Confesseurs de Russie, dont l’Assemblée a été glorifiée dans les années 80 du siècle dernier. Et nous nous souvenions que, dès le premier siècle, le sang chrétien fut répandu par les païens, qui éliminèrent physiquement les disciples de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. Les trois premiers siècles ont produit de nombreux martyrs, mais le XXe siècle s'est avéré être pour l’Eglise Orthodoxe Russe, presque tout au long de ces décennies, une période semblable aux premiers siècles, lorsque fut versé le sang chrétien…
Après le Concile des évêques en 2000, 1 094 nouveaux martyrs et confesseurs de Russie furent canonisés. Le Concile épiscopal de l'an 2000 a classé parmi les saints des ascètes dont le nom était connu, et d’autres connus de Dieu seul, parce qu'il était impossible d'englober toute l'assemblée des Nouveaux Martyrs, il y en avait des centaines, des milliers, et peut-être même des millions. Il a également été décidé, après étude par la Commission de canonisation des saints, d'inclure dans le calendrier les noms de ceux dont le podvig était connu. Et aujourd'hui, l'Église connaît les noms de 36 000 nouveaux martyrs et confesseurs de Russie.
La vie et les actes des Nouveaux Martyrs sont pour nous à la fois un exemple inspirant et une édification pour nos vies, c'est pourquoi je voudrais maintenant vous en présenter au moins quelques-uns, afin que vous compreniez avec quels sentiments, avec quel amour pour Dieu, pour l'Église et pour leur prochain, nos Nouveaux Martyrs sont allés à la croix, à la mort, ne voulant pas renoncer à Dieu, ce qui leur était imposé, et Lui sont restés fidèles jusqu'à la mort.
Tout d'abord, je voudrais vous lire une lettre du couloir de la mort du hiéromartyr Benjamin, métropolite de Petrograd, fusillé en 1922 :
« Dans mon enfance et mon adolescence, j'ai lu la vie des saints et j'ai admiré leur héroïsme, leur sainte inspiration, regretté de tout mon cœur que les temps ne soient pas les mêmes et que je n'aurais pas à vivre ce qu'ils ont vécu. Les temps ont changé. Une occasion s'ouvre à nous de persévérer pour l'amour du Christ, de la part des nôtres et des autres. Il est difficile, dur de souffrir, mais à la mesure de notre souffrance, la consolation de Dieu abonde aussi. Il est difficile de franchir ce Rubicon, la frontière, et de s'abandonner complètement à la volonté de Dieu. Lorsque cela est accompli, alors l'homme abonde en consolation, ne ressent pas les souffrances les plus sévères, est plein de paix intérieure au milieu de la souffrance, il attire les autres à la souffrance, afin qu'ils puissent connaître l'état dans lequel se trouve l'heureux martyr. J'en avais déjà parlé à d'autres, mais ma souffrance n'avait pas atteint son apogée. Maintenant, il me semble avoir survécu à presque tout : la prison, le tribunal, les crachats publics, la condamnation et l'exigence de cette mort, les applaudissements prétendument populaires, l'ingratitude la plus noire du peuple, la vénalité et l'inconstance, et d’autres encore ; le souci et la responsabilité pour le sort des autres et pour l'Église elle-même. »
Et maintenant, je voudrais vous faire connaître d'autres circonstances rencontrées par des prêtres de famille, et comment leurs proches réagirent différemment face à ces podvigs. Voici ce que l'épouse du prêtre Piotr Groudinski, fusillé en 1930, écrivait à la prison peu avant le martyre : « Je t’en supplie, si tu as pitié de moi, renonce à tes convictions qui ne servent à rien ni à personne... Si tu es d'accord avec moi, j'irai avec toi jusqu'au bout du monde, sans souci du besoin, mais à l'idée que tu continues à être prêtre, je frémis de tout mon cœur, je ne peux pas. Réponds-moi, comment faire ? » Et voici ce que lui écrivait son mari, prêtre : « Chère Irochka ! Ta lettre m'a plus stupéfait que l'arrestation, et seule la prise de conscience qu'elle était dictée par le chagrin et le besoin m'a quelque peu calmé... Je n'ai jamais gêné ta conscience – pourquoi, profitant de circonstances difficiles, me pousses-tu à un acte déshonorant... Renoncer à la foi en Christ, qui est le sens de toute ma vie, de qui j'ai vu tant de bénédictions, et le quitter au moment où je m'approche de la tombe ?! Je ne peux pas, et je ne le ferai pas, même pour toi, que j'ai toujours aimé et que j’aime. »
Et voici un autre prêtre qui écrivit de prison à sa femme Domnica, c'est Valentin Novitsky, également fusillé en 1930. « Afin de préserver ma vie, on m'a proposé de renoncer à Dieu et au rang sacerdotal. J'ai refusé. » Et en réponse, sa femme lui écrivit : « Ne renonce ni à Dieu ni au rang sacerdotal. Le Seigneur m'aidera. » Ces témoignages nous montrent que toute leur vie jusqu'au dernier moment, nos nouveaux martyrs et confesseurs ont été fidèles au Christ et à son Église, et qu'ils ont été inspirés par le grand saint Tikhon, patriarche de toute la Russie, qui a également été classé parmi les saints.
Voici ses paroles, qu'il a prononcées et accomplies dans sa vie : « Je suis prêt à toute souffrance, même à la mort au nom de la foi dans le Christ... Que mon nom périsse dans l'histoire, si seulement l'Église pouvait en bénéficier. » Et son nom n'a pas péri dans l'histoire. L'Église se souvient de lui, et le sang des nouveaux martyrs, comme aux premiers siècles, est devenu la semence des nouveaux chrétiens, parce qu'aujourd'hui des milliers et des millions de personnes, dans les conditions de liberté dans lesquelles se trouve l'Église orthodoxe russe, trouvent la foi et, à travers cela, le sens de leur vie.
Je voudrais aussi dire que l'Église nous prépare au Grand Carême, aujourd'hui commence la première semaine de préparation, avec la parabole du publicain et du pharisien lue aujourd’hui lors de la Divine Liturgie. Cette parabole est familière à beaucoup d'entre nous depuis l'enfance, mais juste avant le début du Carême, elle reprend vie, acquérant un nouveau sens pour chacun de nous. Et nous voyons parmi les fidèles, ceux qui sont des pèlerins réguliers, et ceux qui viennent rarement, mais aujourd’hui c’est une édification pour nous tous. Il n'est pas nécessaire de juger les autres. Nous devons regarder au plus profond de notre cœur, ne pas penser que nous sommes les meilleurs, mais imiter l'exemple du publicain repentant, qui ne pouvait pas lever les yeux vers le Seigneur, mais se frappait seulement la poitrine en répétant : « Dieu, aie pitié de moi, pécheur » (Luc 18, 13).
Homélie du Metropolite Juvénal (Poïarkov), Kroutitsy et Kolomnenski, le jour de la fête des Saints Nouveaux Martyrs de Russie et le dimanche du Publicain et du Pharisien
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Во имя Отца и Сына
и Святого Духа.
Сегодня для Русской Православной Церкви траурный и праздничный день. Траурный потому, что мы вспоминаем архипастырей и пастырей, монашествующих и мирян, в XX веке за веру Христову пострадавших, и молимся о упокоении их душ. Радостный, потому что Церковь наша торжествует, прославляя новомучеников и исповедников Российских, Собор которых был прославлен в 80-е годы прошлого века. И мы вспоминали, что с самого первого века лилась кровь христианская от язычников, которые физически уничтожали последователей Господа и Спасителя нашего Иисуса Христа. Первые три века дали множество мучеников, но XX век оказался для Русской Православной Церкви почти на протяжении всех его десятилетий временем, когда, как и в первые века, проливалась христианская кровь. …
После Архиерейского Юбилейного Собора 2000 года поименно было причислено к лику святых 1 094 новомученика и исповедника Российских. Архиерейский Собор 2000 г. причислил к лику святых и поименно известных, и ведомых только Богу подвижников, потому что невозможно было охватить весь сонм новомучеников, их были сотни, тысячи, а может быть, и миллионы. Решено было также после изучения Комиссией по канонизации святых, включать в календарь имена тех, о подвиге которых стало известно. И на сегодняшний день Церковь знает поименно 36 000 новомучеников и исповедников Российских.
Жизнь и подвиги новомучеников являются для нас и вдохновляющим примером, и назиданием для нашей жизни, поэтому хочется сейчас ознакомить вас хотя бы с несколькими из них, чтобы вы поняли, с какими чувствами, с какой любовью к Богу, к Церкви и к ближним своим шли на крест, на смерть наши новомученики, не желая отрекаться от Бога, чего требовали от них, и до смерти оставались верными Ему.
В первую очередь хочется зачитать вам письмо из камеры смертников священномученика Вениамина, митрополита Петроградского, который был расстрелян в 1922 году, а перед этим он послал письмо, в котором писал:
«В детстве и отрочестве я зачитывался житиями святых и восхищался их героизмом, их святым воодушевлением, жалел всей душой, что времена не те и не придется переживать, что они переживали. Времена переменились. Открывается возможность терпеть ради Христа от своих и от чужих. Трудно, тяжело страдать, но по мере наших страданий, избыточествует и утешение от Бога. Трудно переступить этот Рубикон, границу, и всецело предаться воле Божией. Когда это совершится, тогда человек избыточествует утешением, не чувствует самых тяжких страданий, полный среди страданий внутреннего покоя, он других влечет на страдания, чтобы они переняли то состояние, в каком находится счастливый страдалец. Об этом я ранее говорил другим, но мои страдания не достигали полной меры. Теперь, кажется, пришлось пережить почти все: тюрьму, суд, общественное заплевание, обречение и требование этой смерти, якобы народные аплодисменты, людскую, самую черную неблагодарность, продажность и непостоянство и тому подобное; беспокойство и ответственность за судьбу других людей и даже за самую Церковь».
И теперь хотел бы познакомить вас и с другими обстоятельствами, с которыми встречались семейные священники, и их ближние по-разному относились к этому подвигу. Вот что писала в тюрьму незадолго до мученической кончины супруга священника Петра Грудинского, расстрелянного в 1930 году: «Прошу тебя, если ты жалеешь меня, откажись от своих ничего и никому не дающих убеждений… Если согласишься со мною, я поеду с тобой хоть на край света, не боясь нужды, но при мысли продолжать быть попадьей я вся содрогаюсь — не могу. Ответь мне, как быть?» И вот что написал ей ее муж, священник: «Дорогая Ирочка! Твое письмо ошарашило меня более ареста, и только сознание, что оно продиктовано горем и нуждою, несколько успокоило меня… Я никогда не стеснял своей совести, — зачем же ты, пользуясь тяжелыми обстоятельствами, толкаешь меня на бесчестный поступок… Отречься от веры во Христа, Который составляет смысл всей моей жизни, от Которого я видел столько благодеяний, и оставить Его в то время, когда я приближаюсь к могиле?! Я не могу, и не сделаю этого даже ради тебя, которую всегда любил и люблю».
А вот другой священник писал из тюрьмы своей супруге Домнике, это был Валентин Новицкий, также расстрелянный в 1930 году. «Мне, для сохранения жизни, предложили отречься от Бога и от священнического сана. Я отказался. Как ты справишься одна с детками?» А в ответ супруга ему написала: «Не отрекайся ни от Бога, ни от священнического сана. Мне поможет Господь». Вот эти свидетельства показывают нам, что всю свою жизнь до последнего момента наши новомученики и исповедники были верны Христу и Его Церкви, а их вдохновлял великий святитель Тихон, Патриарх Всероссийский, который так же причислен к лику святых.
Вот его слова, которые он произносил и исполнил в своей жизни: «Я готов на всякое страдание, даже на смерть во имя веры Христовой… Пусть погибнет имя мое в истории, только бы Церкви была польза». И не погибло его имя в истории. Церковь помнит его, а кровь новомучеников, как и в первые века, стала семенем для новых христиан, потому что ныне тысячи и миллионы людей, в условиях свободы, в которой находится Русская Православная Церковь, обретают веру, и через это смысл своей жизни.
Мне хочется еще сказать, что Церковь готовит нас к Великому посту, сегодня начинается первая подготовительная неделя, и мы слышали за Божественной литургией притчу о мытаре и фарисее. Эта притча знакома многим из нас с детства, но как перед началом поста она вновь оживает, приобретая новое значение для каждого из нас. И мы видим среди находящихся в храме и тех, кто является постоянным богомольцем, и тех, которые редко бывают, но сегодня для всех нас это назидание. Не нужно осуждать других. Следует заглянуть вглубь своего сердца, не думать, что мы лучше всех, но подражать примеру кающегося мытаря, который не мог очей своих поднять ко Господу, а лишь бия себя в грудь, повторял: «Боже, милостив буди мне грешному» (Лк. 18, 13). Вот с этой молитвой каждый сегодня пусть начнет свою подготовку к Великому посту. Аминь
Слово митр. Ювеналия (Пояркова), Крутицкого и Коломенского в день памяти святых Новомучеников Российских и в неделю мытаря и фарисее
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