dimanche 2 novembre 2025

+homélie pour le 21e (22e évangile) dimanche après la Pentecôte

À propos de l'abîme

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit !

Dans la parabole de l'homme riche et de Lazare, nous avons entendu qu'il y a un abîme entre le Ciel et l'enfer, de sorte que « ceux qui veulent le franchir » ne le peuvent pas, selon la parole du Seigneur. Soit le ciel, soit l'enfer : voici les deux demeures de l’homme après la mort. Où le Seigneur nous enverra-t-il après notre mort ? Permettra-t-il la félicité dans les demeures éternelles, ou serons-nous jetés dans les ténèbres totales, où il y a des pleurs et des grincements de dents éternels ?

Déjà ici, sur terre, nous faisons notre choix. Où allons-nous, au ciel ou en enfer ? Vous dites : « Eh bien, bien sûr, au paradis ! » mais notre choix ne se fait pas dans les mots, non pas en esprit, mais dans nos cœurs. L'esprit nous dit : « Je désire le salut ! », et le cœur, stagnant dans les péchés, nous entraîne dans les abîmes de l'enfer. L'esprit dit : « Je crois en la vérité de l'enseignement du Christ ! », mais le cœur fait le contraire, soit en se délectant des plaisirs terrestres, soit en se fâchant avec son prochain. L'esprit appelle : « Au paradis ! Vers les demeures de la félicité éternelle ! », et le cœur s'enlise dans les soucis de ce monde et garde le silence, parce qu'il ne se souvient pas de la félicité du paradis...

(suite, et VERSION EN RUSSE dans la suite du billet)

Ainsi, entre l’esprit et le cœur, il y a un abîme. Mais ici, sur terre, cet abîme peut encore être franchi ! Il est nécessaire de laver avec des larmes de pénitence toute la honte pécheresse du cœur, de laver les vêtements de notre âme, afin que, lorsqu'elle se tient devant le Seigneur, elle révèle visiblement la vérité de notre choix : au ciel ou en enfer.

Purifions nos cœurs, afin qu'il ne s'élève pas entre nous et le Seigneur l'abîme infranchissable qui s'est élevé entre l'homme riche et Lazare.

L'Évangile raconte très brièvement la vie d'un homme qui s'est retrouvé en enfer après sa mort. On dit seulement qu'il y avait un homme riche qui s'habillait de pourpre et de lin fin et qui s’amusait tous les jours. Et près de sa maison se trouvait Lazare, un homme pauvre, qui attendait qu'au moins quelques miettes tombent de la table de l'homme riche. Mais même cela lui a été refusé. Les chiens vinrent lécher les croûtes dont le corps du pauvre Lazare était couvert. C'est tout ce qui est dit dans l'Évangile sur ces deux personnes.

Alors, comment cet abîme sinistre a-t ’il pris naissance dans l'âme de l'homme riche ? Cet homme a tout d'abord perdu la foi. Il a perdu la foi en Moïse, en son enseignement, et a perdu la foi en la vérité de Dieu. C'est ainsi qu'un abîme se dressa entre son cœur et Dieu. Un vide spirituel s’installa. Et pour combler ce vide, l'homme, étant riche, a commencé à se réjouir chaque jour, à se délecter de lui-même, en oubliant tout ce qui est saint, en oubliant la charité. Il n'a pas pensé à l'approche de sa mort. Chaque jour, il se réjouissait, tuant dans son âme tout ce qui servait au salut éternel. Mais la mort vint. Et ayant perdu le faux couvert des plaisirs terrestres périssables, toute la dépravation de son âme fut mise à nu devant le Seigneur. L'abîme qui s’était dressé entre Dieu et l'homme, qui s'était créé un état d'esprit si déplorable, fut révélé ! Il ne pouvait plus percevoir l'action de la grâce de Dieu, de même qu'une graine qui a perdu son germe ne peut s'éveiller à la vie. Regardez une graine dont le germe a été attaqué. Elle ressemble à une graine, mais à l'intérieur, elle est gâtée. Cette graine est semée dans la terre, et l'homme s'attend à ce qu'elle pousse. Mais les jours et les années passent, et la graine ne pousse pas, bien que le sol soit très bon, qu'il soit arrosé et fertilisé, et que le soleil le réchauffe ... Et il en fut de même pour l'âme de l'homme riche, qui se réjouissait chaque jour avec ses compagnons, oubliant Dieu et le salut éternel. Au lieu de la paix et de la tranquillité, la langueur et la souffrance apparurent dans son âme. Et, bien sûr, cet abîme, créé sur la terre dans l'âme du pécheur, se trouvait entre lui et le paradis. Et il est impossible de traverser cet abîme.

Il arriva autre chose à Lazare. Le pauvre Lazare, qui était vraiment dans un triste état sur la terre, était plus à même d’admettre ses péchés, parce qu'il souffrait physiquement, qu'il était malade, qu’il souffrait de la faim et du manque de sommeil. Une foi fervente brûlait en lui, un amour fervent pour son Père et Créateur. Et ce qu'il endurait, il le considérait comme exploit au nom de Dieu, au nom de la justice de Dieu. C'est ainsi que le paradis s'édifia dans son âme alors qu'il était encore sur terre. Ainsi, lorsqu'il mourut, son âme fut enlevée par des anges dans le sein d'Abraham.

Réfléchissons également à nos choix. Regardons dans nos âmes : ne sommes-nous pas en train de créer un abîme infranchissable entre nous et Dieu ? Peut-être que par notre paresse, notre négligence du salut, nous atrophions en nous-mêmes le sens de la perception spirituelle et devenons incapables de percevoir l'action de la grâce divine ? S'il en est vraiment ainsi, quelles larmes amères nous méritons !

Pendant que nous vivons encore ici sur terre, pendant que la patience de Dieu s'étend encore sur nous, tant qu'il n'est pas trop tard, clarifions l'état de notre esprit. Et si notre cœur est attiré vers Dieu, vers la sainteté et la chasteté, alors renforçons en nous ce choix salvifique ! Si nous remarquons que le manque de foi, le doute et d'autres vices s'insinuent dans notre état spirituel, alors ayons peur de cela ! Craignons l'abîme fatal dans lequel se trouvait l'homme riche et pécheur, et invoquons l'aide divine ! Faisons un choix salvateur non seulement avec notre esprit, mais aussi avec notre cœur ! Invoquons saint Lazare comme notre patron céleste, afin que, par ses prières, le Seigneur nous fortifie sur le chemin du salut, nous délivre du tourment éternel et nous accorde une vie bienheureuse en Jésus-Christ notre Seigneur, à qui, avec le Père et l'Esprit Saint, il est dû honneur et adoration pour les siècles des siècles. Amen.

                                               1973

 

Sermon du métropolite Jean (Snychev) de Saint-Pétersbourg et Ladoga († 1995) le 22e dimanche après la Pentecôte

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О пропасти

 

Во имя Отца и Сына

и Святого Духа!

 

       В притче о богатом и Лазаре мы слышали, что между раем и адом существует пропасть, так что «хотящие перейти» не могут этого сделать, по слову Господа. Либо рай, либо ад — вот два пристанища человеческие после его смерти. Куда же определит нас Господь по кончине нашей? Допустит ли в селения вечного блаженства или низвергнет во тьму кромешную, где вечный плач и скрежет зубовный?

Уже здесь, на земле, мы делаем свой выбор. Куда стремимся мы — в рай или в ад? Вы скажете: «Ну, конечно же, в рай!» Но выбор наш совершается не в словах, не в умах, а в сердцах наших. Ум говорит нам: «Я желаю спасения!» — а сердце, коснея в грехах, тянет нас в бездны адовы. Ум говорит: «Верую в истинность Христова учения!» — а сердце творит обратное, либо услаждаясь земными утехами, либо озлобляясь на ближних своих. Ум зовет: «В рай! В селения вечного блаженства!» — а сердце вязнет в заботах мира сего и молчит, ибо не помнит блаженства райского…

Так между умом и сердцем возникает пропасть. Но здесь, на земле, эту пропасть еще возможно преодолеть! Нужно покаянными слезами смыть из сердца весь греховный смрад, очистить одежды души нашей, чтобы, представ пред Господом, она зримо явила истинность нашего выбора: в рай мы стремились или в ад.

Очистим же свое сердце — да не возникнет между нами и Господом та непроходимая пропасть, какая возникла между богатым и Лазарем.

Евангелие очень кратко сообщает о жизни человека, оказавшегося после смерти в аду. Сказано лишь, что был некоторый богатый человек, который одевался в порфиру и виссон и каждый день веселился. А около дома его находится Лазарь — бедняк, ожидавший хотя бы небольших крупиц, падающих со стола богача. Но и в этом ему отказывали. Приходили псы и лизали струпья, которыми было покрыто тело бедного Лазаря. Вот и все, что сказано в Евангелии об этих двух людях.

Так как же возникла погибельная бездна в душе богача? Прежде всего человек потерял веру. Веру в Моисея, в учение его, потерял веру в истину Божию. Так возникла пропасть между его сердцем и Богом. Возникла душевная пустота. И для того, чтобы заполнить эту пустоту, человек, будучи богат, стал ежедневно веселиться, упиваться, забывая обо всем святом, забывая о человеколюбии. Он не думал о приближении своей смерти. Каждый день он веселился, убивая в своей душе все то, что служило к спасению вечному. Но смерть пришла. И лишившись ложного прикрытия тленными земными утехами, обнажилась перед Господом вся порочность его души. Обнажилась пропасть, которая легла между Богом и человеком, создавшим себе вот такое плачевное состояние духа! Он не мог уже воспринимать действие благодати Божией так же, как не может семя, потерявшее росток в себе, пробудиться к жизни. Посмотрите на семя, которое поражено в ростке своем. Кажется, с виду оно семя как семя, а внутри испорчено. Бросается это семя в землю, и человек ожидает, что оно произрастет. Но проходят дни, годы, а семя не произрастает, хотя и почва очень хорошая, и поливается, и удобряется, и солнце согревает… Вот так же произошло и с душою богача, который каждый день веселился со своими товарищами и забывал о Боге, о вечном спасении. Вместо тишины и покоя в его душе появилось томление и страдание. И, конечно, эта пропасть, которая создалась в душе грешника на земле, легла между ним и раем. И нельзя эту пропасть перейти.

Иное произошло с Лазарем. Бедный Лазарь, который на земле пребывал действительно в печальном состоянии, казалось бы, больше мог допустить грехов, потому что он страдал физически, недомогал телесно, недоедал, недосыпал. В нем горела горячая вера, горячая любовь к Творцу своему и Создателю. И то, что он переносил, он воспринимал как подвиг во имя Божие, во имя правды Божией. И поэтому в душе его еще на земле созидался рай. Так что, когда он умер, душа его была восхищена ангелами на лоно Авраамово.

Задумаемся и мы о своем выборе. Заглянем в свою душу — не создаем ли мы непроходимую пропасть между нами и Богом? Может, мы своим нерадением, своим невниманием к спасению атрофируем в себе чувство духовного восприятия и становимся неспособными воспринимать действие Божественной благодати? Если это действительно так, то каких горьких слез мы с вами достойны!

Пока мы живем еще здесь, на земле, пока еще над нами простирается долготерпение Божие, пока не поздно, уясним состояние духа нашего. И если сердце наше тянется к Богу, к святости и непорочности, то укрепим в себе этот спасительный выбор! Если же заметим, что в наше духовное состояние вкрадываются маловерие, сомнение и другие пороки, то убоимся мы этого! Убоимся гибельной бездны, в которой оказался богатый грешный человек, и, призывая себе помощь Божественную! Сделаем спасительный выбор не только умом, но и сердцем нашим! Призовем себе в небесные покровители безропотного святого Лазаря, дабы его молитвами Господь укрепил нас на спасительном пути, избавил бы от вечных мук и сподобил блаженной жизни во Христе Иисусе Господе нашем, Которому со Отцем и Святым Духом подобает честь и поклонение во веки веков. Аминь.

1973 г.

 

Слово митрополита Иоанна (Снычева), Санкт-Петербургского и Ладожского († 1995 г.) в неделю 22-ю по Пятидесятнице

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